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Apprendre par le jeu, oui mais comment ?

A son époque déjà, Montaigne écrivait :

«Les enfants n’ont point d’affaire plus sérieuse que leurs jeux.»

apprendre par le jeu, il n'y a rien de plus sérieux qu'un élève qui joueLa psychologie moderne lui donna raison reconnaissant à l’enfant son besoin d’expérimenter pour apprendre, d’assimiler toutes sortes de découvertes. Je remercie donc Coline et Rémy du blog petiteschassesautresor.com qui ont initié un carnaval d’articles sur le sujet « apprendre par le jeu, nos meilleurs conseils ». Si le sujet vous intéresse, vous pourrez donc découvrir d’autres articles écrits par d’autres blogueurs ICI.

Si le jeu semble naturel et inné chez l’enfant, la question des apprentissages par le jeu est loin d’être anodine ! En ce qui me concerne, je vous ai compilé le fruit de mes recherches et de mes lectures afin de vous offrir mes meilleurs conseils pour apprendre par le jeu.

Apprendre par le jeu mes 3 conseils :

1) Instaurer un climat bienveillant

« Une des plus grande découverte de ces dernières années, c’est un américain qui l’a fait. Il a montré que dès que les adultes sont bienveillants : ils font maturer le cerveau de l’enfant et le cerveau qui va permettre de gérer les émotions […]. L’ambiance, l’atmosphère dans lequel l’enfant est élevé, aussi bien à la maison comme à l’extérieur, vont remanier son cerveau en permanence et vont jouer un rôle essentiel sur le développement de ses aptitudes cognitives (la mémoire, l’apprentissage, la pensée) et sur les aptitudes affectives et sociales (nos émotions, nos sentiments et nos capacités relationnelles). Donc pour avoir un être humain épanoui, il faut, les premières années de vie, avoir, des adultes bienveillants, empathiques, soutenants et aimants ». Propos extraits de l’intervention du Dr Catherine GUEGUEN lors du Colloque sur « le jeu et les émotions chez le jeune enfant ». https://www.youtube.com/watch?v=pKLSYklF8Hg

« Le jeu et l’humour permettent de rétablir un lien affectif fort entre parents et enfants.

Dans la mesure où le jeu fournit une occasion de s’extérioriser et de passer de bons moments en famille, il libère aussi de la tension liée à l’éducation. Assumer son rôle de parent sur un mode ludique permet d’entrer dans le monde de l’enfant, sans le brusquer, en développant sa confiance en lui, en nous. Un enfant qui va bien, donne libre court à sa joie et à sa créativité par le biais du jeu- un moyen pour lui de s’approprier le monde, de l’explorer, de l’investir d’un sens et de se remettre de ses contrariétés. »

« Prenez un jeu aussi simple en apparence que le lancer une balle. Il suffit de s’y intéresser de près pour s’apercevoir qu’il implique, plus qu’il n’y paraît à première vue. En jouant à la balle, l’enfant apprend à coordonner ses gestes, il passe un bon moment avec son père ou sa mère, s’entraîne à maîtriser une nouvelle compétence qu’il pourra bientôt s’enorgueillir d’avoir acquise. La balle qui va et vient du parent à l’enfant fait office de pont entre eux, elle rétablit un lien. Des commentaires tels que « bravo ! bien joué » consolident enfin la confiance de l’enfant en ses aptitudes. En dépit de sa simplicité apparente, ce jeu véhicule par ailleurs des émotions prégnantes ».

Qui veut jouer avec moi ? Lawrence COHEN

Extraits du livre : Qui Veut jouer avec moi ? Dr Lawrence Cohen, Ed. Poche Marabout.

2) Adaptez les jeux au développement de votre enfant.

Les théoriciens et pédagogues ayant planchés sur le jeu et les apprentissages sont nombreux. Pour l’heure, je vous parlerai que de deux : Maria Montessori et Jean Piaget.

Maria Montessori définit deux principes caractéristiques psychiques de l’enfant :

L’esprit absorbant : processus inconscient où l’enfant absorbe le monde qui l’entoure et l’analyse ensuite, sans effort, naturellement.

√ Les périodes sensibles : le développement se faisant par bonds, par stades. Tous les enfants présentent les mêmes périodes sensibles, mais pas forcément au même âge, ni avec la même intensité.

Schéma emprunté à notrefamille.com
Schéma emprunté à notrefamille.com

Les différentes périodes sensibles :

  • du langage (elle se situe ± entre 2 mois et 6 ans)
  •  de la coordination des mouvements (± de 18 mois à 4 ans)
  • de l’ordre (± de la naissance à 6 ans)
  • du raffinement des sens (± de 18 mois à 5 ans)
  • du comportement social (± de 2 ans et demi à 6 ans)
  • des petits objets (très courte période au cours de la 2e année).

Le bon moment pour apprendre est donc déterminé non pas par le calendrier d’un programme imposé mais par l’observation des besoins de l’enfant.

Parallèlement, pour Jean Piaget, les grandes étapes du développement sont des paliers que l’enfant franchit progressivement, dans un ordre bien précis.

√ Période sensori-motrice (18 premiers mois) :

L’enfant ne joue qu’en présence de l’objet.

Le pré-jeu proposé par la mère à son nourisson en jouant avec son corps, engage l’enfant vers son développement sensori-moteur. Ainsi, en stimulant son bébé (lorsqu’elle le change, le berce, le lave, lui parle), la maman active chez lui des mouvements réflexes simples qui deviennent par la suite «des jeux d’exercices ou jeux fonctionnels».

Vers 8 mois, l’enfant se perçoit distinct du monde extérieur. Il est désormais capable de cerner les objets globalement et d’en établir des images mentales. Exemple : il touche un hochet mobile, ce qui prouve qu’il est capable de dissocier sa main du hochet et d’autres objets; ce n’est plus par hasard qu’il le touche, mais volontairement. L’objet ne devient jouet qu’à partir du moment où l’enfant peut reconnaitre totalement sa mère (à travers son odeur, sa voix, son visage, son toucher) comme individu à part entière.

Entre 9 et 15 mois, il sait faire comprendre son désir en allant chercher les objets de lui-même.

Puis vers 18 mois, l’enfant découvre des moyens nouveaux et expérimente en instrumentalisant les objets comme des « médiateurs de l’action ».

Enfin, entre 18 et 24 mois, l’enfant invente de nouvelles fonctions aux objets et fait appel à ses représentations. Le jeu procure alors du plaisir non pas par le résultat obtenu, mais parce que l’enfant est auteur de ce résultat. Ainsi, il ressent le besoin de s’affirmer dans les « jeux de destruction », mais aussi sous une toute autre forme langagière pour dire « non » à l’adulte. L’affirmation du Moi se met en place dans une dissociation du monde interne et du monde externe à travers les « jeux symboliques» et l’imitation différée impliquant la représentation.

√ Période représentative  (à partir de 2 ans) :

Faire semblant, accès au symbolisme et à la présence de l’objet.

Entre 2 et 4 ans, les enfants convoitent les « jeux symboliques ou les jeux d’imitation » ainsi que les « jeux d’assemblage ». Ainsi, l’enfant transmet, à travers ces jeux, des messages affectifs. Les jeux symboliques en tant que premiers jeux réglés, constituent également une première socialisation.

Entre 2 et 5 ans, l’enfant est dans un jeu individuel où chacun joue pour soi sans souci de codification des règles, qui n’apparaissent qu’à partir de 5-6 ans à travers les jeux comportant une certaine compétition.

√ Période sociale (entre 4 et 11 ans) :

Jeux à règles, le jeu permet à l’enfant d’assimiler la réalité.

C’est à partir de 7 ans que les jeux de règles arrivent à leur apogée. La règle inscrit ainsi le jeu dans le cadre d’interactions sociales. En effet, Jean PIAGET disait :

« le jeu de règles est l’activité ludique de l’être socialisé ».

A 10 ans, l’enfant comprend que la règle, reconnue comme non arbitraire, est un consensus mutuel des joueurs. En effet, celle-ci peut être construite et modifiée par les participants , permettant aux enfants de jouer à plusieurs et d’être rassurés. D’ailleurs à cet âge, le temps d’instauration des règles est souvent plus long que le temps réel de jeu. Ceci est d’autant plus observable dans les situations impliquant des mouvements, aussi bien éprouvantes physiquement qu’émotionnellement. Le pouce marquant l’arrêt du jeu autorise l’enfant à prendre moins de risques.

Les jeux favorisent également la régulation des conflits.

En effet à travers la compétition dans des jeux de stratégies, des jeux de société ou encore des jeux symboliques, l’enfant est capable de gérer ses différents sans aucune incidence sur la vie réelle. Cette prépondérance des jeux à tendance compétitive n’efface pas pour autant les jeux d’imitation encore bien présents.

Les personnes à sensibilité auditive préféreront peut être cette  vidéo résumant le développement du jeu chez l’enfant, en version québécoise s’il vous plait !

 

3) Connaître vos «préférences évocatives » ou le profil d’apprentissage de votre enfant :

Pour des parents d’enfants scolarisés en élémentaire et plus, je n’aurai d’autre meilleur conseil que de lire le livre suivant : Apprendre autrement avec la pédagogie positive, d’Audrey Akoun et Isabelle Pailleau, Ed. Eyrolles.

Apprendre autrement avec la Pédagogie Positive, A. Akoun et I. Pailleau

C’est un livre positif, plein de bonne humeur, d’humour, qui donne la pêche et plein de conseils pratiques pour « apprendre de façon ludique, créative et avec plaisir ».

Parmi les nombreuses pistes, astuces et conseils qu’Audrey Akoun et Isabelle Pailleau nous proposent dans leur livre, je vous laisse tester leur premier exercice  : en lisant le mot CHOCOLAT, prenez quelques minutes pour savoir ce qu’il se passe dans votre tête.

Voyez vous plutôt le mot écrit ? Avez-vous le goût, le croquant du chocolat ? Cela vous rappelle t-il des souvenirs d’enfance ?

ex chocolat 2

exercice chocolat 2

Selon ce que ça vous évoque, vous auriez plutôt un

Profil d’apprentissage visuel, auditif ou verbal ou encore kinesthésique ?

« Ces profils ont été observés et théorisés par Antoine de la Garanderie.

Profil visuel : je vois des images dans ma tête comme des photos ou comme un film.

auditif ou verbal : je réentends des sons ou des paroles avec la voix des autres (très pratique pour apprendre une langue étrangère) ou je me parle dans ma tête.

Profil kinesthésique : je ressens les mouvements, les sensations, les odeurs, les goûts… »  Extrait d’ Apprendre autrement avec la pédagogie positive, d’Audrey Akoun et Isabelle Pailleau, Ed. Eyrolles, page 53.

Faites le jeu avec vos enfants, car connaître vos profils d’apprentissage permet d’adapter votre communication et vos jeux.

Pour finir, je vous partage une ressource supplémentaire que je n’ai pas encore ni lue, ni testée : les livres de Bénédicte DENIZOT, mais je suis sûre que cela doit être très intéressant …! 

Jeux pour apprendre - de la Garanderie Méthode La Garnderie à la maison

Si vous avez vous-même lu ces livres et testé ces jeux pour apprendre ? Pensez-vous qu’on peut mieux apprendre par le jeu ? Je vous laisse nous partager votre expérience dans les commentaires ci-dessous.

Par ailleurs, si vous avez aimé cet article, n’hésitez pas à le partager 😉

Pour aller plus loin, vous pouvez lire un article plus théorique : Apprendre en jouant, oui mais pourquoi ?

Cet article a 2 commentaires

  1. J’ai fait des études de psycho, que j’ai adorées, alors ton article me rappelle de bons souvenirs (les stades…)!! Une petite piqûre de rappel était la bienvenue pour moi d’ailleurs :-).

    Si on apprend mieux par le jeu selon moi? oui 🙂 !!! Les études le montrent et puis, je trouve que ça se voit, que c’est un besoin très fort pour les enfants… Un bébé qui éclate de rire quand on lui fait des bisous sur le ventre ou qui s’émerveille du bruit que peut faire un paquet de mouchoirs :-). Et après… heureusement qu’il y a le jeu pour s’exprimer en effet!!! Et on pourrait continuer longtemps!

    Et en faisant tout ça, ils apprennent tant! Ils n’apprennent pas que des choses « scolaires » mais ils apprennent aussi à gérer leurs émotions et plein d’autres choses encore!

    1. Violaine

      Merci Emeline pour ton retour d’expérience et ton commentaire 🙂 Au plaisir de te lire.

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